
Sûrement sous l’effet des hallucinogènes, un « atalaku » a interprété le geste de la statue de Lumumba (photo 1) en ces termes: « Héros national ayebisi batu’a Tshangu batikala epa na bango, bayaka lisusu centre-ville te! » Ainsi, comme souvent les artistes voient plus loin que les politiciens, la montée des eaux sur la rivière N’Djili, en coupant la ville en deux depuis hier soir (photo 2) n’est pas sans rappeler le cri d’animation de cet « atalaku »… Bana Tshangu, botikala epa na bino!
Flash-back. Léopoldville 1959… Dans cette ville de 300 mille habitants où règne un apartheid (développement séparé en afrikaans) qui ne dit pas son nom, l’autorité coloniale belge s’est résolue à protéger la minorité blanche contre un éventuel soulèvement populaire. Ainsi, les quartiers des Européens sont entourés de camps militaires pour une intervention rapide de la Force publique… Kalina, l’actuelle Gombe, est protégée par les actuels camps Kokolo, Lufungula (c’est d’ailleurs le renfort venant d’ici qui arrête net le mouvement du 4 janvier 1959 au croisement des avenues Prince Baudouin et Rwakadingi) et Ndolo… Binza par les actuels camps Luano et Tshatshi…
Et pour contenir, en cas toujours de soulèvement populaire, le flux de la population noire en provenance des cités-dortoirs (elle se lève tôt le matin pour aller travailler à Kalina, et le soir venu, elle va se coucher) constituant l’actuel Tshangu, les Belges ne prévoient qu’une seule sortie : le pont de la rivière N’Djili…
Soixante-cinq ans après l’indépendance, … Objectif 80, Plan Mobutu, 5 chantiers, la Révolution de la modernité, 100 jours, Tshilejelu, Kin Bopeto, Kinshasa ezo bonga, …
Didi Mitovelli, correspondance particulière
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