

Comme beaucoup de Congolais, j’ai suivi le vendredi dernier l’intervention de notre ancien Chef de l’État. L’espoir de Kagame, c’est la division des Congolais. L’espoir de Kabila, c’est l’amnésie des Congolais.
Là où l’un compte sur la division des Congolais pour masquer son agression de notre pays comme étant une affaire « intra-congolaise », l’autre espère que le passage du temps, couplé à la déception légitime liée à la non-tenue de plusieurs promesses faites par le régime actuel, nous fera oublier son rôle dans le sabotage des intérêts vitaux du pays et sa megestion particulièrement du dossier sécuritaire à l’est du pays, sans compter son immobilisme face à l’impératif de reformer le crucial secteur de la sécurité de la RDC.
Il est ironique d’entendre quelqu’un qui officiellement n’est plus dans l’armée depuis 2006 – quand à la veille des élections générales de cette année-là, le général-major Joseph Kabila avait adressé une lettre de démission au Président Joseph Kabila – invoquer son « serment de militaire« , qui ne l’engage plus, alors même qu’il n’ose lever la moindre voix ni son petit doigt pour dénoncer l’agression dont le pays qu’il est censé défendre fait l’objet de la part du Rwanda, tels que l’ont attesté non seulement le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies mais aussi plusieurs Gouvernements étrangers.
Au contraire, Kabila donne l’impression de s’en prendre plus à l’agressé (son successeur) plutôt qu’à l’agresseur (le Président Kagame) et ses complices et laquais congolais.
Et pour ne rien arranger, voilà qu’un ancien dirigeant qui, fort de ses 18 ans à la lumière du pays, aurait dû briller par son expertise en matière gouvernance, préconiser, parmi ses 12 prescriptions que l’on traiterait de « magiques » pour faire sortir le pays de la crise actuelle, « mettre fin à la guerre« , un peu comme pour mieux se moquer des Congolais. Sauf que notre « Docteur ès gouvernance » ne nous dit pas COMMENT mettre fin à cette guerre…Il se contente, pour « répondre » à une question, d’énoncer la question posée…
Mais bon, on ne peut pas être trop exigeant à un prétendu sapeur-pompier qui est en fait lui-même le pyromane…Examinons de plus près la substance de son propos du 23 mai dernier, qui fera certainement date dans les annales des discours-fleuves qui peuvent tenir dans un simple verre…
Kabila accuse son successeur d’avoir instauré une dictature et manqué à ses engagements au terme de l’accord ou du « deal » conclu entr’eux en janvier 2019, laissant entendre qu’il aurait des révélations particulières à livrer à l’opinion là-dessus au moment qu’il estimera opportun.
Toujours est-il qu’on se souviendra des propos publics tenus par le Président Félix Tshisekedi selon lesquels le deal conclu avec son prédécesseur n’était qu’un accord « verbal » pour co-gérer le pays et offrir un certain nombre de garanties de sécurité à Kabila et à sa famille biologique, alors même que des sbires de Kabila soutenaient, sans vraiment convaincre, qu’il existerait un accord écrit et signé, en un seul exemplaire (sic), dont trois Chefs d’État africains auraient été témoins (sans que leurs signatures ni celles de leurs représentants n’apparaissent nulle part dans le document brandi…). Une chose est sûre : le seul accord dont trace écrite subsiste sans l’ombre d’un doute demeure celui signé le 6 mai 2019 entre les coalitions CACH et FCC, représentées respectivement par Jean-Marc Kabund et Néhémie Mwilanya.
Kabila fait mine de nous présenter la coalition CACH-FCC comme étant, à l’en croire, la meilleure chose qui serait jamais arrivée dans l’histoire politique de ce pays, et que le président Tshisekedi aurait commis la faute impardonnable de mettre fin à cette alliance politique – alliance pourtant fortement décriée à l’époque par plusieurs couches de la société congolaise, y compris les évêques catholiques dans nombre de leurs messages pastoraux. En effet, n’entendait-on pas plusieurs voix tant nationales qu’internationales, constatant la bonne foi et le volontarisme dont faisait montre le nouveau Chef d’État congolais, appeler à plus d’espace et à plus de marge de manœuvre au profit de ce dernier. Ne disait-on pas à cette époque que l’alliance CACH-FCC, qui avait mis 8 longs mois avant de produire un gouvernement, prenait tout un peuple et tout un pays en otage, ruinant ses espoirs au profit des calculs politiciens d’une certaine clique ?
Qui oubliera qu’une ordonnance présidentielle portant nomination des membres du Conseil d’administration de la Gécamines était restée 8 mois sans exécution par la seule volonté d’un Ministre étiqueté FCC au motif que sa plateforme n’avait pas été consultée préalablement à une nomination ?
Qui oubliera les menaces publiques du speaker Jeanine Mabunda, en janvier 2020, faisant planer ouvertement le spectre d’une destitution du Chef de l’Etat par la volonté du Parlement alors majoritairement contrôlé par le FCC ?
Qui oubliera encore qu’en décembre 2019, lors du mini-congrès du PPRD tenu à Lubumbashi, que le parti de Kabila avait fait du retour au pouvoir de ce dernier sa priorité politique majeure à l’horizon 2023 ? Devait-on être devin pour comprendre que le retour de Kabila passait, dans la logique du PPRD, impérativement par l’échec du Chef de l’État en exercice, qu’il était dans leur intérêt que ce dernier ne réussisse pas? A-t-on oublié le décompte des réunions du Conseil des ministres que faisaient, non sans une pointe de moquerie, Kabila et ses soutiens avant la fin du mandat de Félix Tshisekedi voulue pour 2023 ?
Qui oubliera, en outre, combien le Président Tshisekedi s’est fait humilier publiquement par des membres du FCC, au point que son Premier Ministre (Ilunga Ilunkamba) se permettait de demander audience au Chef de l’Etat par voie de communiqué de presse signé, non pas par le porte-parole du gouvernement, mais par le porte-parole privé de la Primature ? Au point que des ministres ne se gênaient guère de bloquer des décisions et des initiatives présidentielles, même au vu et au su des délégations étrangères ? A-t-on oublié la défiance publique lancée à l’endroit du Président de la République par un certain Ministre de la Justice parce que requinqué par les assurances d’intouchabilité données par « Yé Mei » ?
Non, pour le bien du Congo, il était temps – alors grand-temps – que la coalition CACH-FCC, dont le seul mérite était d’avoir réussi une passation de pouvoir pacifique en RDC, meure de sa belle mort et que le Président de la République se dote des moyens de sa politique en remodelant à son goût une Assemblée Nationale, dont le gouvernement est l’émanation, qui permette au Chef de l’exécutif de tenir ses engagements électoraux qu’il a contracté devant le peuple congolais.
En fait, la coalition CACH-FCC, s’il a effectivement contribué à une transition démocratique apaisé, n’était une bénédiction que pour une petite clique d’individus, mais s’est transformée en un piège pour le reste de la population, car prenant en otage les espoirs légitimes de voir le nouveau Président de la République démontrer de quoi il était capable, et ce sans entraves motivées par des calculs politiques et politiciens. Et ce d’autant plus que les débuts, les premiers pas du nouveau régime sur le plan de la gouvernance, avec notamment une ferme volonté affichée de mettre en oeuvre les dispositions constitutionnelles relatives à la gratuité de l’enseignement primaire, s’avéraient très prometteurs.
Pour le bien du peuple congolais, il était important que la gestion politique du pays soit plus lisible, plus « normalisée« , que prenne fin l’alliance entre Tshisekedi et Kabila – alliance que plusieurs opposants ne se gênaient de qualifier de « contre-nature« .
Voilà pourquoi il est d’autant ridicule, près de quatre ans, d’entendre Kabila traiter son successeur de dictateur, et d’inclure ce qu’il appelle « la fin de la dictature » parmi ses 12 prescriptions (« magiques « ) pour la sortie de la crise actuelle. Car la vérité est que, depuis la rupture de l’alliance CACH-FCC en décembre 2020, Kabila s’est recroquevillé sur lui-même, refusant toute participation normale dans la vie démocratique nationale. Rappelons que chaque fois que le FCC n’arrivait pas à bloquer « à la régulière » un agenda politique du camp présidentiel dans l’exercice normal de ses prérogatives démocratiques, comme la nomination de trois nouveaux juges à la Cour constitutionnelle ou celle de Denis Kadima à la tête de la CENI, le camp Kabila accusait le camp du pouvoir de « dictature« . À en croire Kabila et ses partisans, il n’y a pas dictature dès lors que le voeu de la minorité est exaucé, et au cas contraire, on est en présence d’une insupportable dictature et d’un effroyable abus de pouvoir.
Autant la dictature, si elle est vraiment avérée, doit être dénoncée, autant l’intolérance de la minorité et son refus de jouer franc jeu le doivent. En réalité, le refus délibéré de Kabila de laisser sa formation politique participer aux différents scrutins organisés en 2023, sous des motifs tirés par les cheveux, alors que la plupart d’autres opposants faisaient le choix inverse, lui enlève TOUTE légitimité à crier à une quelconque dictature, outre qu’il rend parfaitement compte de sa stratégie maximaliste d’obstruction systématique au pouvoir de Tshisekedi auquel il en veut à mort de lui avoir fait perdre le pouvoir, SON pouvoir, fruit d’un héritage de sang, conquis sur les cadavres des centaines de milliers des réfugiés Hutu rwandais tués lors de l’avancée des troupes de l’AFDL en 1996-1997. Car il ne faut pas l’oublier, Joseph Kabila est et demeure un fidèle héritier politique de l’AFDL, ayant eu à exercer un pouvoir de sang, de violence, d’oppression et d’intimidation, et n’ayant jamais pu faire la paix avec l’idée qu’un autre lui prenne aussi « facilement« , sans violence, ce « beefsteak » sans tirer un seul coup de feu…
Parlons à présent, très succinctement, de la gestion calamiteuse de la sécurité du pays sous l’ère Kabila. Commençons par la réforme du secteur de sécurité.
En 2007, après avoir remporté haut la main les élections, s’être débarrassé, de la manière que l’on sait, de son challenger électoral Jean-Pierre Bemba et vu un sérieux adversaire politique en la personne d’Étienne Tshisekedi sombrer dans la maladie sous le poids de l’âge, Joseph Kabila avait un boulevard devant lui; il pouvait faire tout ce qu’il voulait, réformer à sa guise sans la moindre entrave de quelque sorte.
La doctrine onusienne en matière de maintien de la paix multidimensionnel, celui ambitionnant de solutionner des conflits de nature civile, dispose qu’après la tenue réussite des élections dans un pays en proie à une guerre civile et l’acceptation du vainqueur par les autres belligérants, ledit pays doit être massivement aidé à reformer en priorité son secteur de sécurité, dont son armée, étant attendu que l’affaiblissement ou la destructuration de ce secteur sont souvent identifiés comme la racine ou l’élément facilitateur du conflit civil. Voilà pourquoi dans plusieurs pays post-conflit comme au Libéria et en Sierra Leone, les efforts des Nations Unies, en pleine collaboration avec les autorités locales, se sont portés sur une réforme et une restructuration complètes des forces armées de ces pays afin de les porter à des standards internationaux en termes d’organisation et de gestion administrative.
En RDC, la même quête de l’ONU s’est butée à un mur d’obstruction et un fin de non-recevoir du gouvernement congolais invoquant ses prérogatives souveraines sur ce dossier. En juillet 2007, lors d’une réunion à Kinshasa à l’occasion de la visite d’une délégation de haut niveau de l’ACABQ, une commission de l’Assemblée générale des Nations Unies en charge des questions administratives et budgétaires, le commandant de la Force de la MONUC, le général sénégalais Babacar Gueye, demanda avec insistance au général Kisempia Sungilanga de lui fournir dans les grandes lignes la vision de la nouvelle armée congolaise réformée, de manière à permettre à l’ONU de proposer à la partie congolaise un plan de réforme d’une armée taillée sur mesure. L’absence de volonté de la partie congolaise d’aller dans ce sens était plus que transparente.
En fait, la raison réelle pour laquelle Joseph Kabila ne voulait pas d’une réforme profonde et complète de l’armée congolaise, alors que le timing était particulièrement parfait et qu’il en disposait de tous les leviers politiques, lui préférant au contraire des approches dites « piecemeal » (consistant en des simples programmes de formation ou d’entraînement de certaines unités militaires, bataillons et regiments proposés par partenaires bilatéraux tels que l’Angola et la Belgique), était qu’il ne voulait pas se départir de la gestion désordonnée et quasi mafieuse de l’armée qu’il avait instaurée et qui l’enrichissait considérablement, lui et ses copains qu’il avait propulsés à de hautes fonctions de commandement dans l’armée et la police (le cas de John Numbi, ce civil qui, dans sa jeunesse, dirigeait la JUFERI avant de devenir un des officiers supérieurs les craints du pays, est plus qu’éloquent), autant qu’elle perpetuait le cycle d’insécurité dans l’est du pays. Pour ces « vautours« , leur affairisme, le clientélisme et le système de patronage qui s’était implanté au sein des services de sécurité, ne faisaient pas du tout bon ménage avec une réforme et une restructuration complète de l’armée pilotées par les Nations Unies selon les normes internationalement acceptables.
Il est ironique, presque 20 ans après, de voir un Kabila se poser en donneur de leçons de la bonne gestion d’une armée…
Plus troublante encore a été la gestion générale par Kabila de la situation d’insécurité à l’est du pays. Une bonne mémoire historique nous sera d’un précieux secours pour se livrer à un tel examen.
Janvier 2007, Kabila envoie John Numbi, alors le patron de la Police Nationale Congolaise (un choix d’émissaire pour le moins curieux) à Kigali pour négocier avec Laurent Nkunda. Il en ressort un accord non écrit dit de « gentlemen’s agreement« , en vertu duquel les troupes du CNDP intégreraient l’armée nationale sous mixage (c.à.d. les unités mixées gardent intactes leur chaîne de commandement et ne sont pas mutées hors de leur champ d’opérations » naturel » au Kivu), et non pas selon un brassage, comme pour les autres unités FARDC.
Cette mesure d’exception permettra à Laurent Nkunda et à ses hommes, interprétant et sur-interprétant le fameux gentlemen’s agreement comme bon leur semblait, de faire ce qu’ils voulaient et de commettre plusieurs abus, au point que la clameur publique obligera Kabila en début août 2007 à décréter la fin du mixage.
L’ordre assorti d’un ultimatum donné aux hommes du CNDP de rejoindre les centres du brassage étant ignoré par ces derniers, Kabila ordonne fin août 2007 une offensive contre Nkunda. Elle se soldera par une humiliante défaite des forces loyalistes, recevant des ordres contradictoires du commandement militaire, notamment lors des batailles de Kikuku et Mushake le 12 décembre 2007.
Pour sauver les meubles, et surtout les apparences, le gouvernement de Kinshasa fait organiser précipitamment la conférence de paix dite « Amani » qui débute à Goma en janvier 2008. Les travaux sont présidés par le speaker Vital Kamerhe. Nkunda n’y participe pas personnellement mais envoit des émissaires. Le 31 janvier 2008, deux actes d’engagement sont signés ; le CNDP dit ne pas se sentir concerné.
Jouant au chat et à la souris durant une bonne partie de l’année 2008, la situation militaire sur terrain dégénère en défaveur des troupes de Kinshasa, démotivées car non payées et mal encadrées. Début novembre 2008, les troupes de Nkunda campent à Saké, aux portes de Goma.
Kabila panique et se rend secrètement à Kigali et signe le 4 décembre 2008 un accord avec Kagame, en vertu duquel: 1) Laurent Nkunda devra être écarté, contre paiement d’une somme de plusieurs millions de dollars ; 2) une opération militaire conjointe sera menée par les armées de deux pays contre les FDLR.
L’accord secret de Kigali est mis en oeuvre le mois suivant :
1) début janvier 2009, les réserves en dollars de la BCC sont vidées pour effectuer le paiement à Kagame qu’est venu personnellement recolter James Kabarebe (provoquant une chute libre de la valeur du franc congolais, une dépréciation de près de 70% en quelques jours, passant de 590 à 900 francs contre un dollar américain);
2) 20 janvier 2009: Nkunda est « arrêté » par les autorités rwandaises et remplacé par son adjoint Bosco Ntaganda, au même moment que les troupes rwandaises traversent la frontière sur invitation de Kinshasa pour lancer l’opération Umoja Wetu. Combien de troupes rwandaises sont entrées en RDC ? Secret d’Etat…
Le 27 février 2009, une grande parade militaire est organisée à Goma, sous les yeux de John Numbi et James Kabarebe, pour marquer la fin officielle d’Umoja Wetu. Les observateurs comptent 7.500 militaires rwandais rentrant chez eux. Mais combien sont entrés ? Personne n’ose poser la question…
En réalité, moins d’un tiers des soldats rwandais sont rentrés…la fameuse opération Umoja Wetu s’était en fait révéler être une grosse opération d’infiltration des militaires rwandais sous couvert de la lutte contre les FDLR…avec l’entière acquiescence de Kabila. Cette infiltration tolérée par Kabila eut deux conséquences graves.
Comme l’attestera le rapport intérimaire des experts de l’ONU pour cette année 2009, publié en juillet, à la suite de l’opération Umoja Wetu, des unités entières étiquetées officiellement FARDC étaient composées exclusivement des militaires rwandais, d’après les experts onusiens.
La deuxième conséquence fût l’apparition soudain de faux Mayi-Mayi, de faux ADF, et même de faux FDLR, tous apparus comme par génération spontanée suite à Umoja Wetu…
L’ironie était qu’il était attendu de ces FARDC « congolais » d’aller combattre des miliciens « congolais »…avec le degré d’efficacité que l’on connaît…
Kagame, par Kabila interposé, a ainsi pu poursuivre son noyautage de l’armée congolaise, commencé avec le RCD/Goma (qui gérait le portefeuille de la Défense nationale durant la transition du 1+4), mais aussi à surmilitariser l’est de la RDC, où des militaires rwandais déguisés en miliciens « congolais » s’employaient à construire des pistes d’atterrissage en pleine jungle du Kivu pour permettre aux petits porteurs bardés de minerais d’atterrir et de décoller tranquillement.
Pour traduire l’accord secret du 4 décembre 2008 en engagements de long terme, le gouvernement congolais et le CNDP signèrent un accord en date du 23 mars 2009 à l’hôtel Ihusi de Goma.
Ntaganda se vit promu au grade de « général » de FARDC, et ses hommes continuèrent de se comporter exactement comme les hommes de Nkunda, sous un mixage de facto mais qui ne disait pas son nom.
Le CNDP devint un parti politique et rejoigna l’AMP, l’Alliance pour la Majorité Présidentielle. Il soutint corps et âme la réélection controversée de Kabila en 2011. Mais moins de six mois après, à l’instigation de Kigali, les militaires CNDP se mutinèrent et formèrent une nouvelle rébellion, le M23.
Juillet 2012, le rôle du Rwanda dans la création et le soutien au M23 est publiquement exposé par des experts de l’ONU, Kagame coincé se tourne vers Kabila pour desserrer l’étau. Le 15 juillet 2012, à Addis-Abeba, les deux dirigeants annoncent la création d’une Force d’intervention neutre (NIF), donnant à Kagame les apparences d’un faiseur de paix.
En fait, ce que voulait Kagame (et qu’il obtint facilement de la part de Kabila) était la levée de l’objection de la RDC à la candidature du Rwanda au Conseil de sécurité de l’ONU. L’enterrinement de telles candidatures se faisant par blocs régionaux avant d’être endossées par l’Union Africaine, le désistement, ou mieux le retournement de la RDC, eut comme conséquence l’isolement du Zimbabwe et du Botswana, qui menaient la fronde.
Bruno Lepapa, analyste expert en conflits internationaux

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