Le jour d’après

Le réveil s’est fait sur une journée bien ensoleillée. Des rayons puissants de soleil ont fait suite à une longue pluie de la veille, une très longue pluie qui a pris une bonne partie de l’après-midi. Cette approche romantico-poétique qui débute ce récit est le fait du soulagement. Un soulagement passager, dont la durée ne dépassera pas les 24 heures. C’est la sensation du jour d’après.

Il pleut

Mardi 10 décembre est le jour de la célébration de la journée internationale des Droits humains. La célébration est passée quasi-inaperçue dans une capitale où l’orage annonçait les couleurs dès 13 heures. Des grondements dans le ciel et des nuages noirs en approche annonçaient une grosse pluie. Et pas que. Le pire arrivait à sa suite. L’orage qui a éclaté était à la dimension des grondements annonciateurs. Des trombes d’eau sont tombées en masse et en continu. Les routes ont été vite remplies, les conducteurs, on ne sait pourquoi, ont vite paniqué et commencé à violer le peu de règles du code de la route encore en vigueur malgré la présence des policiers, les transporteurs ont déserté par peur de bouchons, et le peuple a marché. Marché longtemps et sous la pluie. Car à un moment ou à un autre, il faut savoir prendre des décisions pour sa vie. Entre attendre un hypothétique taxi, taxi-bus, ou encore une moto dont le prix de la course avait quintuplé, le choix était clair. On ne meurt pas de gouttes d’eau, donc on marche !

Un spectacle désolant. Des files entières de personnes longeaient les artères de la capitale, sous une pluie battante, au milieu de véhicules en arrêt.Pour traverser le boulevard d’un bout à l’autre (5 km environ), il fallait attendre…6 heures !!! Et encore, 6 heures c’est faire partie des chanceux. Alors qu’on prenait son mal en patience sur le boulevard, les rumeurs venant des quartiers faisaient état de bouchons tout aussi intenses. Donc aucun espoir. On avançait sans trop savoir si on arriverait. On roulait collés les uns aux autres et les parechocs flirtaient dans une proximité indécente. Les accrochages se multipliaient mais personne n’avait le temps de descendre faire le constat. Il fallait arriver, mais ne surtout pas perdre sa place dans la file. ‘’On verra tout ça après, avançons d’abord’’. Valait d’ailleurs mieux avancer pour éviter de subir le courroux des automobilistes derrière.

Manœuvres improbables

Dans ce genre de situations naissent toujours des magiciens, inspirés par un QI plus qu’en dessous de la moyenne. C’est toutes ces personnes qui se mettent alors à tenter de faire demi-tour à la sortie des sauts-de- mouton, ceux qui pensent prendre en sens inverse, toujours suivis d’ailleurs par une floppée d’autres conducteurs en mal de raisonnement logique, en ‘’207’’, jeeps rutilantes ou encore en tacot brinque-balants. C’est alors que l’on se rend compte qu’ils ont ceci en commun : êtres irréfléchis. Ils foncent pour effrayer les autres véhicules, puis se trouvent obligés de freiner une dizaine de mètres plus loin, rattrapés par la réalité : bloqués. Ils roulent alors des yeux comme de vieilles chouettes. Et face au comble de la honte, ils montent les glaces teintées de leurs véhicules ou regardent à l’opposé pour éviter de croiser le regard de sidération des autres conducteurs, ébahis par tant de bêtise proliférante. Tout n’est que question de temps. Une dizaine de minutes plus tard apparaitra un autre ‘’Nostradamus’’ qui, inspiré par un QI encore moins élevé, créera une autre bande en sens inverse, suivi par ses ‘’semblables’’, avec l’étonnement des premiers inciviques étonnés de voir tant de bêtises. Ils sont étonnés de voir leur record battu. La bêtise se stratifie.

Et dans tout cela, il ne manque jamais de véhicule avec sirène et gyrophare qui, à l’évidence bloqué de chez bloqué, continue à pomper la stridente sirène pendant des dizaines de minutes.

Bref

Bref, on se colle, on se frotte, on s’échange les peintures sans trop y prêter attention, parce qu’il faut sortir avant tout de l’enfer. Et l’on se retrouve à avoir du rouge, du bleu et beaucoup de jaune sur sa peinture. Mais qu’en retenons-nous en définitive ? RIEN !

Le lendemain généralement et après le compte-rendu des réseaux sociaux en images, les routes sont vides. La circulation est fluide. Et tout le monde est content. Tout va bien dans le meilleur des mondes, et la vie a repris son cours de ‘’normalité’’. En fait, beaucoup ne sont pas sortis, traumatisés par les bouchons de la veille. Mais dans la tête de tous, c’est le retour à la normale. Un retour qui ne prend en général que 24 heures, le temps de replonger dans d’autres bouchons le surlendemain. Et re-belotte : plaintes, comptes-rendus sur les réseaux sociaux, coups de gueule, retards, manœuvres de magiciens, marche à pied, etc. Aucune analyse des faits et des causes, aucun constat, RIEN !!! Comme des panthéistes béats, nous attendons que Mère Nature régule tout : nos erreurs, nos incivilités, nos incompétences, voire la circulation !

Et après ?

Ce qui a été sera. Tant que nous ferons la même chose de la même manière, nous aurons les mêmes résultats. C’est comme ça. Continuons ce que nous faisons, comme nous le faisons, et chaque jour sera pire que la veille. Il nous faut réfléchir. Penser et repenser la vie et notre pays, même si à Paris ou à Londres aussi… Nous parlons de proportions, de l’ampleur, de la discipline, et non pas de fatalité. Mais expliquer cela est bien plus grave que d’en rire, simplement.Le jour d’après, on oublie tout, et on reprend le chemin du jour d’avant…en toute allégresse.

Yana

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