De toute urgence

Il n’y a pas le temps de se poser, pas le temps de ralentir. Il faut courir, même quand on a le temps de partir à point. Tout va vite. Mais pourquoi ? En fait personne ne sait, mais il faut courir. La RDC court sans pour autant avancer, et on se demande pourquoi. Mais elle court !

L’urgence a été installée au milieu de nous comme une normalité. Tout va vite, sauf ce qui doit aller vite. Les décaissements sont faits en urgence, en contournement de toutes les règles de la chaîne de la dépense publique, les fonds disponibles pour les événements sont mis à disposition en urgence, à quelques heures à peine des événements en question, les compromis sociaux et autres engagements ne sont honorés que de justesse, à quelques heures des échéances, et même les cotisations relatives à la participation du pays aux instances internationales sont payées…en urgence. Mais pourquoi ???

Nous n’avons aucune prétention de répondre à cette question, d’autant plus que sur les réseaux sociaux on dit que penser comprendre la RDC c’est n’avoir rien compris du tout. Toutefois, il est clair qu’un pays ne peut pas fonctionner en mode urgence toute sa vie. Même si le pays dont on parle a une bonne partie de son territoire placé en état d’urgence depuis déjà trois ans. On n’y échappe pas. L’urgence nous colle à la peau.

Sur la route, tout est urgent. Le ‘’wewa’’ dont le bureau est la moto pense qu’il est plus pressé que le conducteur d’une voiture qui essaie d’atteindre son lieu de travail. Le ‘’207’’ fait des slaloms mortels avec à son bord une trentaine de personnes parce qu’il s’estime en retard. Par rapport à qui ou à quoi ? On ne sait pas. Le chauffeur du ministre ou du député vous dégage de la route, toutes sirènes lancées parce qu’il doit déposer le fils de son patron aux cours, et l’armée et la police ont établi priorité sur toute âme au nom de la tenue et de l’arme qu’elles portent.

Et nous dans tout ça ?

Nous ? Nous faisons office de vaches. On regarde passer le train du concert des urgences et urgentistes qui n’ont pas le temps, même pas pour nous. On subit les fraudes d’autres usurpateurs qui eux aussi passent en ‘’deuxième bande’’ avec des gyrophares achetés en ligne et les vitres teintées. Dans un environnement où un faux député peut siéger sans éveiller de soupçons, personne ne sait vraiment à qui il a affaire. Et comme les accrochages avec les ‘’hautes personnalités’’ finissent toujours de manière brutale, chacun essaie de préserver le peu qui lui appartient, en vie ou en biens. On ne sait plus démêler le vrai du faux.

En conclusion ?

Il n’y a pas de conclusion qui tienne. Et ce n’est surtout pas le moment de conclure. La scène de cet épisode est en cours. La ville est polluée de sirènes, que certains utilisent visiblement comme des jouets. Même dans un bouchon sans issue, les sirènes continuent de résonner. Leur bruit ne les dérange pas du tout, même quand ils sont quatre ou cinq à être coincés. C’est juste un concert. Mais le comble, c’est de produire autant de bruit pour s’arrêter 200 mètres plus loin pour prendre du carburant. Donc l’urgence, sans l’autorité à bord, c’était de dégager tout le monde pour prendre du carburant…

Fin de l’histoire !

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