

Ce matin, j’ai eu l’honneur d’accompagner le Président de la République, Chef de l’État, Son Excellence Monsieur Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, lors d’une tournée de visite des écoles primaires dans la ville de Kinshasa. Nous avons visité l’école primaire EP Yolo Nord, la première école publique du pays fondée en 1954, ainsi que les écoles primaire, secondaire et technique réhabilitées par le Chef de l’État dans l’enceinte du célèbre Camp militaire Tshatshi. De retour à mon bureau, j’ai pris connaissance du rapport récemment publié par l’UNESCO (septembre 2024) intitulé Le prix de l’inaction : Les coûts privés, fiscaux et sociaux à l’échelle mondiale des enfants et des jeunes qui n’apprennent pas. Le discours inspirant du Chef de l’État aux élèves, enseignants et chefs d’établissement lors de la visite, ainsi que cette lecture captivante, m’ont donné envie d’écrire. Chassez le naturel, il revient au galop ! (rire)
Introduction
Le rapport de l’UNESCO ci-haut mentionné met en lumière un défi fondamental auquel le monde entier est confronté : l’éducation des enfants et des jeunes. À l’échelle mondiale, les inégalités d’accès à une éducation de qualité ont des répercussions considérables non seulement sur la vie des individus, mais aussi sur le développement économique et social des nations. D’ici 2030, si les taux actuels de décrochage scolaire et l’insuffisance des compétences de base ne sont pas corrigés, les pertes économiques, sociales et fiscales s’élèveront à des milliers de milliards de dollars. L’Afrique subsaharienne, et plus particulièrement la République Démocratique du Congo, se trouvent au cœur de ce défi mondial, où les coûts de l’inaction pourraient représenter jusqu’à 19 % du PIB de la région ! Ce constat pousse chaque acteur du secteur éducatif à agir, avec urgence et responsabilité.
C’est dans ce cadre que le Ministère de l’Éducation Nationale et Nouvelle Citoyenneté (EDU-NC) a conçu le Plan Quinquennal 2024-2029 basé sur le Plan d’Actions du Gouvernement de Son Excellence Madame Judith Suminwa Tuluka, Première Ministre, Cheffe du Gouvernement. Ce plan est une réponse stratégique aux défis structurels du secteur éducatif congolais. Il vise à transformer l’éducation en un pilier du développement durable de la RDC en mettant l’accent sur plusieurs axes prioritaires : l’amélioration de l’accès à une éducation de qualité, la modernisation des infrastructures, la promotion de l’équité et de l’inclusion, ainsi que le renforcement du développement professionnel des enseignants. Comme nous allons le voir, ces objectifs sont en totale adéquation avec les engagements pris au niveau international, notamment dans le cadre des ODD, et les recommandations formulées par l’UNESCO dans ce dernier rapport.
Par ailleurs, plusieurs projets phares, financés par la Banque Mondiale et le Partenariat Mondiale pour l’Education, soutiennent cette vision. Le PERSE (2020-2024) – Projet d’Équité et de Renforcement du Secteur Éducatif – se concentre sur la réduction des inégalités en matière d’éducation et sur la mise en œuvre de réformes structurelles importantes. Le PEQUIP (2024-2029) – Projet d’Amélioration de la Qualité de l’Enseignement Primaire – vise à renforcer l’enseignement primaire, avec un accent particulier sur la formation des enseignants et l’amélioration des infrastructures scolaires. Enfin, le PAAF (2024-2028) – Projet d’Apprentissage et d’Autonomisation des Filles – met l’accent sur l’éducation des filles au secondaire, un enjeu crucial pour l’équité dans l’accès à l’éducation en RDC.
Ces initiatives, intégrées dans le Plan Quinquennal, reflètent l’engagement du gouvernement congolais à répondre aux besoins urgents du secteur éducatif, tout en s’alignant sur les recommandations internationales pour assurer un avenir meilleur aux enfants et jeunes du pays.
Les enjeux de l’éducation
La RDC fait face à des défis majeurs en matière d’éducation, notamment en termes d’accès, d’équité et de qualité. Bien que la gratuité de l’enseignement primaire ait élargi l’accès, les disparités persistent, particulièrement pour les filles, les enfants en situation de handicap et ceux issus des zones rurales. La croissance rapide de la population en âge scolaire exerce une pression croissante sur des infrastructures souvent inadéquates, avec des classes surpeuplées et des installations sanitaires insuffisantes.
L’équité et l’inclusion restent des défis majeurs, les filles étant sous-représentées, notamment dans les régions rurales où des normes socioculturelles limitent leur accès à l’éducation. De plus, la qualité de l’enseignement souffre du manque de formation des enseignants et de ressources pédagogiques adaptées, tandis que de nombreuses écoles sont en mauvais état.
Pour remédier à ces lacunes, le Plan Quinquennal 2024-2029 prévoit la réhabilitation et la construction d’écoles, en particulier dans les zones rurales, ainsi que la modernisation des infrastructures avec des équipements numériques. La formation continue des enseignants est également une priorité, avec des programmes prévus pour renforcer les compétences pédagogiques et améliorer les résultats scolaires. Le projet PEQUIP, par exemple, vise à former 120 000 enseignants, directeurs d’école et inspecteurs, marquant une avancée vers la professionnalisation du secteur.
La RDC est ainsi engagée dans une transformation profonde de son système éducatif pour répondre aux besoins croissants de sa jeunesse tout en garantissant une éducation de qualité pour tous.
Actions du ministère répondant aux recommandations de l’UNESCO
Le rapport de l’UNESCO « Le prix de l’inaction » formule ainsi 10 recommandations majeures auxquelles le gouvernement de la RDC s’efforce de répondre. La première recommande d’offrir 12 années d’instruction gratuite et inclusive. En RDC, la gratuité de l’enseignement primaire est déjà effective, et le Plan Quinquennal 2024-2029 vise à étendre cette mesure au Cycle Terminal de l’Éducation de Base (CTEB), les deux premières années du secondaire.
Le rapport appelle également à créer des environnements d’apprentissage inclusifs. Les projets PEQUIP, PERSE et PAAF mettent en œuvre des initiatives visant à améliorer la sécurité et l’inclusion, en particulier dans les zones rurales, avec un accent sur la lutte contre les violences basées sur le genre.
L’éducation préscolaire, un autre point clé, est une priorité dans le Plan Quinquennal, avec des programmes de cantines scolaires pour garantir une bonne préparation à l’école. En parallèle, des actions comme le projet PAAF offrent une seconde chance aux filles déscolarisés.
L’amélioration des infrastructures est un pilier central, avec des investissements importants dans la construction et la réhabilitation d’écoles, ainsi que la création de normes respectant l’accessibilité et l’environnement. Le recrutement et la formation continue des enseignants sont également essentiels. Des milliers d’enseignants bénéficieront de formations visant à améliorer leurs compétences pédagogiques et à promouvoir l’égalité des genres.
Le Plan prévoit aussi des campagnes de sensibilisation communautaire pour encourager l’éducation des filles et la participation des parents à la gestion scolaire. La santé et le bien-être des élèves sont pris en compte, avec des programmes de lutte contre la violence et de soutien psychologique.
Enfin, le Plan Quinquennal modernise les curriculums pour inclure des compétences numériques et préparer les jeunes au marché du travail. En somme, les actions du Ministère s’alignent pleinement sur les recommandations de l’UNESCO, pour garantir une éducation gratuite, inclusive et de qualité pour tous.
Résultats attendus
La mise en œuvre des actions du Ministère de l’Éducation Nationale et Nouvelle Citoyenneté aura des retombées considérables à long terme sur la qualité de l’éducation et le développement socio-économique de la RDC. À l’horizon 2029, il est attendu que l’ensemble des réformes entreprises, notamment la modernisation des infrastructures scolaires et la formation des enseignants, permette de réduire les disparités existantes. Tous les élèves, y compris ceux issus des zones rurales et marginalisées, devraient bénéficier d’un environnement d’apprentissage sécurisé, moderne et stimulant. Ces actions visent également à accroître les performances scolaires des élèves et à garantir leur préparation aux défis du 21e siècle.
L’impact sur le développement économique et la réduction de la pauvreté est central. En effet, l’amélioration des niveaux d’instruction, notamment avec la gratuité de l’éducation primaire, est directement liée à l’augmentation des taux de scolarisation et d’achèvement, réduisant ainsi la pauvreté à long terme. Les projections montrent que cette politique pourrait sortir jusqu’à 15 millions de Congolais de la pauvreté en 2050. De plus, l’augmentation du niveau d’instruction chez les filles entraînera des bénéfices multiples, tels que la réduction des taux de mortalité infantile et une meilleure santé des enfants.
La promotion du développement durable fait également partie des résultats attendus, avec l’intégration des technologies dans l’éducation et la préparation des jeunes aux réalités économiques contemporaines. Le Plan Quinquennal prévoit l’augmentation du taux de scolarisation à 95 % pour le primaire et à 85 % pour le secondaire d’ici 2029. L’éducation sera ainsi un moteur clé du développement économique du pays, renforçant la compétitivité et contribuant à la réduction significative de la pauvreté.
Conclusion
L’alignement du Plan Quinquennal 2024-2029 du Ministère de l’Éducation Nationale et Nouvelle Citoyenneté avec les recommandations de l’UNESCO témoigne de la volonté de la République Démocratique du Congo de répondre aux défis éducatifs globaux. Cette approche s’inscrit dans le cadre plus large des Objectifs de Développement Durable, notamment l’ODD 4, qui promeut une éducation de qualité, inclusive et équitable. Il est évident que les actions entreprises dans le cadre des projets PEQUIP, PERSE et PAAF, ainsi que les réformes structurelles prévues par le Ministère, sont en adéquation avec ces engagements internationaux, visant à transformer le système éducatif congolais.
L’implication active de toutes les parties prenantes est désormais cruciale pour assurer le succès de ces initiatives. Les partenaires techniques et financiers, les acteurs communautaires, les enseignants, les parents et les organisations de la société civile doivent unir leurs efforts pour soutenir la mise en œuvre du Plan Quinquennal et des projets qui en découlent. Ce n’est qu’en travaillant ensemble que nous pourrons garantir que chaque enfant en RDC ait accès à une éducation de qualité, contribuant ainsi au développement durable du pays et à la réduction de la pauvreté. L’avenir de la nation en dépend, et il est essentiel que tous les acteurs s’engagent pleinement dans cette voie.
(Je suis consciente que l’article est long, mais j’espère qu’il vous aura tout de même intéressé. Science is fun, join us ! 😉)
Raïssa Malu
Publié le 16 sept 2024 sur LinkedIn
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