L’Animation du Clergé diocésain de l’Archidiocèse de Kisangani de l’Église catholique a, dans une déclaration datée du 2 août 2024 et signée par l’abbé Watoko Buma Motiko, animateur du Clergé diocésain de Kisangani, s’est indignée et a protesté contre la tentative d’attestation du Mgr François Mwarabu, ancien Vicaire général de l’Archidiocèse de Kisangani, Coordonnateur nommé de Frivao (Fonds spécial de réparation et d’indemnisation des victimes des activités armées de l’Ouganda).
Voici in extension le document sus-mentionnée.
Indignation et protestation du Clergé Séculier de l’Archidiocèse de Kisangani suite à la tentative d’arrestation de mgr Mwarabu
Aux autorités politico-administratives, militaires et policières
Aux fidèles chrétiens,
Aux hommes et femmes de bonne volonté,
Nous, membres du Clergé Diocésain de l’Archidiocèse de Kisangani, avons assisté confus et honteux, le mardi 30 juillet 2024, à l’audition organisée par le Ministre de la Justice et Garde des Sceaux suite à un dossier lié au détournement des fonds alloués à l’indemnisation des victimes de la guerre des « six jours », laquelle a été suivie de la condamnation et même à une brève détention d’un des nôtres en la personne de Mgr François Mwarabu, ancien Vicaire général de l’Archidiocèse de Kisangani, Coordonnateur nommé de Frivao.
Même si Mgr François Mwarabu a été relaxé provisoirement suite à la demande de Son Excellence Monseigneur Léonard Ndjadi Ndjate, Evêque Auxiliaire et Vicaire général de l’Archidiocèse de Kisangani, pendant que les enquêtes se poursuivent afin de permettre à Mgr François Mwarabu de présenter ses moyens de défenses ; nous déplorons, nous condamnons et protestons avec notre dernière énergie les irrégularités procédurales qui ont émaillé la dite audition et ce, pour plusieurs causes dont voici les deux principales : La conclusion quasi précipitée d’une affaire dont l’instruction devrait se poursuivre compte tenu des éléments et des acteurs encore à considérer, et les irrégularités constatées dans la procédure : Comment peut-on arrêter un prélat au mépris de l’Accord-cadre qui lie l’Eglise catholique avec l’Etat congolais, sans le moindre respect de la procédure en droit commun, notamment : une plainte préalable des victimes, une audition préalable de l’accusé pour établir les indices de culpabilité à sa charge, et dans le cas des témoignages des victimes lors d’un meeting, ne fallait-il pas transmettre préalablement leurs plaintes à l’Officier du Ministère public pour l’ouverture d’une information judiciaire et les formalités d’usage ?
Devant ce vice de procédure, nous pouvons affirmer sans ambages qu’il s’agit bel et bien de l’orchestration d’un plan machiavélique pour retirer l’Eglise de la gestion parce que trop gênante et surtout à travers ces manœuvres dilatoires, couvrir les autorités qui auraient détourné ces fonds des victimes depuis longtemps. Ainsi, nous fustigeons et condamnons ces abus du pouvoir dans le traitement du dossier avec l’instrumentalisation de la justice, rendue visible par les propos et l’agir de Son Excellence Monsieur le Ministre de la justice. Cette procédure en recherche de populisme effréné a réussi son coup celui de salir l’honneur de l’Eglise et d’exposer notre confrère à la vindicte populaire des victimes de la guerre de six jours, et des protagonistes des conflits sanglants entre Lengola et Mbole.
Qui pourrait rétablir Mgr Mwarabu dans sa dignité ? Qui pourrait restituer à ce Prélat son honneur foulé aux pieds ? Qui pourrait prendre la défense de cet innocent sacrifié ? Puisque sa personne devenait gênante pour n’avoir pas permis aux prédateurs de se servir au détriment des victimes, fallait-il l’humilier ainsi ? Sa vie est non seulement en danger à cause de cette intoxication des victimes qui verraient désormais en lui le détourneur de leurs fonds d’indemnisation et pourraient dans la mesure du possible et selon les occasions le molester, mais aussi son image comme personne humaine a été également ternie et son intégrité morale et physique atteinte.
C’est pour toutes ces injustices que nous protestons et continuerons à protester pour que l’on ne puisse plus continuer à incriminer des innocents et à protéger les véritables acteurs qui auraient retardé l’indemnisation des victimes et qui se seraient même servi à leurs dépens.
Nous protestons également pour qu’on ne continue plus à nous jouer du théâtre en détournant l’attention de la population boyomaise de vrais problèmes qui l’accablent depuis lors devant la démission de l’Etat et dont elle continue à attendre avec insistance non seulement l’implication de l’Etat pour rétablir son autorité mais aussi pour la sécuriser.
Tout en souhaitant la poursuite du dossier en cause afin que toute la lumière soit faite une fois pour toutes pour le bien de l’Eglise et de la Nation que nous avons acceptée d’aider en toute liberté et abnégation en détachant l’un des nôtres pour cette mission, partant évangélique ; nous serions très contents aussi que certains dossiers brulants de Kisangani soient traités le plus rapidement possible : la vente des terres dans la commune de Lubunga et ses périphéries qui a conduit aux conflits Mbole-Lengola et dont les commanditaires n’ont jamais été inquiétés et traduits en justice avec des conséquences fâcheuses dont le mouvement des populations entrainant une crise multiforme et une insécurité persistante, pendant que l’Eglise prend en charge ces déplacés en lieu et place des services attitrés de l’Etat ; le détournement des millions de la centrale de la Tshopo à Kinshasa …
Dénonçant tout cela, nous invitons les autorités publiques ainsi que les décideurs politiques à prendre les mesures nécessaires pour mettre un terme à la violence qui sévit sous différentes formes dans la ville de Kisangani, et à prendre des mesures conséquentes pour sécuriser la population.
Ces propos s’inscrivent dans une volonté de construire un avenir plus juste et plus pacifique pour notre région et notre Eglise, et n’ont que cela comme intention.
Fait à Kisangani, le 02 août 2024
Pour le Clergé Diocésain de Kisangani,
Abbé Richard Watoko Buma Motiko
Animateur
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