Disparition : Rigo Star, le virtuose de la guitare s’en est allé !

La triste nouvelle de son décès est tombée le jeudi 26 octobre 2023. L’artiste est mort suite à un accident vasculaire cérébral (AVC) à Reims, en France, à l’âge de 68 ans. L’annonce de sa disparition a fait un effet de bombe dans le milieu musical congolais et chez des mélomanes qui se sont égayés par sa dextérité et son inventivité à travers plusieurs œuvres auxquelles il est intervenu et qui sont devenues des standards de la musique congolaise moderne.

Guitariste, auteur-compositeur et arrangeur, Rigobert Bamundele dit Rigo Star a multiplié des collaborations avec plusieurs artistes congolais et étrangers et il a été à la base des carrières solo de plusieurs artistes tels Koffi Olomide et Mbilia Bel. Rigo Star est un self made man qui a appris tout seul le maniement de la guitare à Kinshasa. Il s’est perfectionné au fil du temps à travers les groupes de sa commune de Ngiri-Ngiri.

Encore inconnu, il se fait connaître au grand public à travers la chanson Kathoul de Kalala Djo Lili, avec l’orchestre Maïka enregistrée aux éditions Veve en 1975. L’orchestre est composé de Kalala Djo Lili, Mwanza et Toniwa Romain au chant, Vans à la guitare rythmique, Athos à la guitare bass et Kamwamba aux drums, et Rigo Star à la guitare solo.

Il rejoint Papa Wemba à la création de l’orchestre Viva la musica en 1977. Il fait partie de la première mouture de Viva La musica composée de Papa Wemba, Jadot le Cambodgien, Aziza, Espérant Kisangani, Bipoli (chanteurs), Otis Koyongonda et Samba Patcho star (drummers), Pinos Tembo et Pepito (guitare bass), Rigo star Bamundélé et Julva Liguagua (guitare solo) et Syriana (guitare rythmique). Dans son rôle de guitariste principal, Rigo Star contribue à façonner le rythme de Viva la musica, et il l’auteur l’hymne de l’orchestre joué au début de chaque concert du groupe. On retrouve son doigté dans la série des chansons comme Mère supérieure, Asso, Ekoti ya nzumbe, etc. C’est aussi dans ce groupe qu’on decouvre son talent d’auteur-compositeur à travers la chanson Diana.

Lorsque Koffi Olomide embrasse la carrière musicale, il est là pour l’accompagner. Il intervient comme guitariste et arrangeur dans les albums de Koffi Olomide : Ngobila et Henriquet. « Si j’avais un frère, un ami, un complice avec qui j’ai accompli de grandes choses dans la musique congolaise c’est bien lui, voilà quelqu’un qui a apporté à l’institution Tchatcho, voilà quelqu’un qui a construit avec moi l’institution Tchatcho », a reconnu Koffi Olomide.

Parti rejoindre l’Afrisa International de Tabu Ley en 1979, Papa Wemba amène Rigo Star, et ce dernier intervient dans la chanson Lèvres roses de Papa Wemba. 6 mois après, les deux artistes quittent l’Afrisa et retournent dans Viva la musica qui effectue une tournée européenne dans le cadre de la maison Visa 80 de Luambo Makiadi en 1981. Faisant partie de la délégation, Rigo Star quitte le groupe et décide de s’installer à Paris.

Dans la Ville Lumière, il retrouve d’autres musiciens congolais tels Sam Mangwana, Canta Nyboma, Ringo Moya, Dizzy Mandjeku, Théo Blaise Nkounkou, etc. Rapidement grâce à sa qualité de guitariste virtuose doublé d’arrangeur, Rigo Star travaille en session d’enregistrement dans les albums de plusieurs artistes, à l’instar de Pamelo Mounk’a, Théo Blaise Kounkou, Kosmos et tant d’autres. Il enregistre également un album solo, pour le producteur Eddy Gustave, et multiplie des collaborations. Et au milieu des années 80, Rigo Star travaille sur le sensationnel Malinga de Kanda Bongo Man et Je suis fâché d’Abeti, un album qui a remporté l’or en France (ventes de 100.000 ou plus d’exemplaires).

En 1986, il intervient dans les albums Ngobila et Henriquet de Koffi Olomide en jouant les guitares solo et basse dans la chanson Rue d’amour. Il joue également un rôle majeur dans la chanson Aladji de Sam Mangwana. Il est dans l’aventure avec Mbila Bel, qui après avoir quitté son pygmalion Tabu Ley, se lance dans la carrière solo. Rigo Star joue toutes les guitares (solo, rythmique et base) et arrange l’album Phénomène, sorti en 1988. Un véritable chef d’œuvre ! Vers la fin de la décennie 80, Rigo Star élargit son champ artistique et embrasse d’autres genres musicaux. À New York en 1989, il joue de la guitare sur une chanson de Rhythm of the Saints de Paul Simon. En Californie, il enregistre Yalowa (1996) avec Mbilia et la nouvelle venue Vivick Matou, un album excellent mais largement méconnu, basé sur la rumba congolaise. Prospectant d’autres univers musicaux durant son séjour californien, Rigo Star produit l’album Got the Feeling (1997), une douzaine de morceaux de « smooth jazz » qui, à tout le moins, démontre sa remarquable polyvalence.

Après la faillite de sa maison de disques, il regagne Paris poursuivre son travail d’arrangeur et de musicien de session. Attention sort en 1998. On le retrouve en 2003 lors de la sortie du groupe Kékélé composé de vétérans comme Bumba Massa, Loko Massengo, Wuta Mayi, Syran M’benza et Nyboma Mwan Dido. Au cours de sa carrière exceptionnelle, Rigo Star laisse une empreinte indélébile dans le monde de la musique. Parmi les artistes et groupes avec lesquels il a partagé son talent, on compte Papa Wemba et son Viva La Musica, Bozi Boziana et son groupe Anti-Choc, Kanda Bongo Man, Koffi Olomide, Kékélé, Madilu Système, Mbilia Bel, Tabu Fataki Junior, Stervos Nyarkos, Luciana Demingongo, Reddy Amisi, Bozi Boziana, Defao Matumona, Paul Simon, Fally Ipupa etc. Paix à son âme.

Herman Bangi Bayo, l’expert

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