Depuis son accession à la présidence de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi n’a cessé de naviguer entre alliances fragiles et nécessité de consolidation du pouvoir. Les événements récents de septembre 2025 rappellent, avec une étonnante similitude, les manœuvres stratégiques qu’il avait déjà orchestrées en 2020-2021.
À l’époque, confronté à une cohabitation avec le FCC de Joseph Kabila, le président avait procédé à un réalignement méthodique du parlement. La destitution de la présidente de l’Assemblée nationale, Jeanine Mabunda, et de son bureau, avait ouvert la voie à un nouveau leadership parlementaire, permettant de libérer les institutions d’une influence jugée paralysante pour la gouvernance.
En 2025, à mi-mandat, l’histoire se répète sous une forme affinée. Les pétitions simultanées visant Vital Kamerhe et Jean-Michel Sama Lukonde témoignent d’une volonté de renouveler la majorité « endogène », en testant les loyautés au sein de l’Union sacrée de la Nation (USN). Les accusations ciblent la gestion parlementaire et la transparence budgétaire, mais leur portée dépasse le simple reproche technique : elles visent à centraliser progressivement le pouvoir et à neutraliser toute dissidence latente.
Cette stratégie s’inscrit dans un plan plus large : l’élargissement du présidium de l’USN, l’adoption d’une nouvelle charte et d’un règlement intérieur, ainsi que le maintien d’un gouvernement diversifié. L’objectif est clair : transformer une coalition électorale fragile en un monolithe institutionnel capable de résister aux pressions sécuritaires et économiques, tout en légitimant les réformes à venir.
Pour les observateurs, ces manœuvres illustrent la doctrine politique de Tshisekedi : centralisation progressive, contrôle des loyautés et anticipation des défis futurs. Le risque demeure néanmoins d’un « retour de feu » : la marginalisation de figures influentes pourrait provoquer des réactions de l’opposition ou d’anciens alliés, comme l’expérience de 2020-2021 l’a montré.
La RDC se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins : consolider la majorité présidentielle pour assurer la stabilité et la sécurité, tout en préservant un équilibre démocratique fragile. Ce double défi définit le mandat actuel et les choix stratégiques du président Tshisekedi, qui cherche à transformer ses acquis électoraux en fondations durables pour la gouvernance post-2028.
Par Bazil Palambwa

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