Insécurité à Kinshasa : La démission du commissaire de police Junior Mboso continue de soulever les vagues

La démission de Junior Mboso défraie encore la chronique. Ce dernier est Commissaire principal de la police et fils du deuxième vice-président de l’Assemblée nationale, arrêté après avoir pris la décision de partir de la police. « La police protège les criminels. Je refuse de participer à un génocide. Je préfère retourner à la vie civile », a annoncé Jr. Mboso dans une vidéo devenue virale dans les réseaux sociaux.

Selon ce haut cadre de la police, un réseau maffieux existerait dans la ville province de Kinshasa, où des officiers travailleraient en collaboration avec des criminels responsables de l’insécurité qui ronge la capitale depuis quelques années. Cette démission met en lumière la nécessité d’un audit interne et d’une réforme structurelle.

Toutefois, la population en a marre avec les actes de vandalisme perpétrés par les Kuluna dans plusieurs communes. Même la commune de la Gombe qui est le centre des affaires et la mieux sécurisée de la capitale devient de plus en plus secouée. C’est ainsi que plusieurs langues se sont déliées pour dénoncer des cas des citoyens malmenés par la police tout comme des personnes victimes des « Kuluna » à quelques mètres des Sous commissariats.

Pasteur Jérémie Ngamisata Kwata avait dénoncé l’unité de police Udjana

Les habitants du district de la Tshangu, plus particulièrement ceux de la commune de Kimbanseke, avaient vécu plus de trois ans de calvaire avec l’unité spéciale de la police appelée communément « Udjana ». Ces derniers ont été les véritables bourreaux de la population avec une gâchette facile (arrestations arbitraires, dissipation des munitions, vol et viol…), tout en extorquant les paisibles citoyens. « Ils opéraient avec les jeunes délinquants appelés « Kuluna » et certains voyous appelés communément « les Eclaireurs ». Plusieurs fois dénoncés par la Société civile, la liste des victimes ne faisait que s’alourdir. C’est dans ce contexte que le pasteur Jérémie Ngamisata Kwata, responsable du Centre Evangélique la Voix de la Restauration (CEVR) de la Communauté Pentecôtiste Emmanuel (CPE), une structure de l’Eglise du Christ au Congo (ECC), n’a pas hésité de fustiger cette attitude.

Ce prince de l’église n’est pas allé par le dos de la cuillère au cours d’une prédication en mi-juin 2023 pour dénoncer sans détour l’insécurité grandissante dans le quartier urbano-rurale de Kingasani, à l’Est de Kinshasa, sans oublier les délinquants appelés « Kuluna » faisant leur loi en causant plusieurs victimes au vu et au su de tout le monde. Le péché du pasteur Jéremie Ngamisata K, selon certaines indiscrétions, est qu’il aurait invité les membres de son église à voter utile à quelques mois seulement de la date de l’organisation des élections sur toute l’étendue de la RDC.

Contre toute attente, les jeunes « Kuluna » infiltrés par quelques agents de sécurité en civils qui ont suivi le sermon du pasteur de l’extérieur ont trouvé en cela une aubaine. Axé sur le thème « Ne vends pas l’héritage de tes pères » tiré sur vigne de Naboth de Jizreel dans 1 Rois: 3. Mais Naboth répondit à Achab : « Que l’Eternel me garde de te donner l’héritage de mes pères ». La RDC est un patrimoine commun qui ne doit pas être bradée a conclu le pasteur.

Depuis lors, il y avait des menaces de certains agents de sécurité en civil qui affirmaient sans preuve que le « pasteur est contre la réélection du Président ainsi que les députés de sa coalition. Le fait de demander à ses fidèles à voter utile, ceci implique qu’il ne veut pas voir le président rempiler pour un second mandat. ». Et depuis ce temps-là, il a été indexé comme un pasteur révolutionnaire qui est contre le pouvoir pour son message tourné vers le changement. Après un bref moment de clandestinité, le numéro un du CEVR a obtenu un visa d’études pour le Canada.

En dépit de son absence au pays, sa famille continue de faire l’objet des menaces. Ce qui justifie les propos d’un cadre de son église qui a requis l’anonymat qui soutient que « la famille du pasteur Jérémie située sur l’avenue Buka 1No 76 , quartier Mfumu-nkento dans la commune de Kimbanseke a été visitée par des hommes armés dans la nuit de samedi 18 novembre 2023. Ils ont emporté certains documents privés y compris l’épouse du pasteur. Cette dernière a été détenue pendant 4 jours après plusieurs menaces et de tentatives de viol ».

Pour sa part, Mme Fifi Loso Ngamisata, l’épouse du pasteur Jérémie a confirmé ses propos en relatant son calvaire. « Ces éléments armés ont promis de revenir plus tard à l’issue des élections. Pour l’un des policier membre du groupe, il a indiqué que le « pays étant encore en guerre, la police et les services de sécurité n’ont confiance en personne. Qu’il s’agisse des prêtres catholiques ou des pasteurs, ils seront toujours traqués. Et le pasteur Jérémy Ngamisata ne fera pas exception».

Ce qui a fait dire à un activiste de la société civile du coin que les méthodes de la police n’ont pas changé. Même le professeur David Ekofo Bonieku de l’Eglise du Christ au Congo (ECC) en exil aux Etats-Unis d’Amérique sous le régime précédent, avait aussi subi le même sort après une intervention sur l’appel à l’action et au changement devant les dignitaires de l’ancien régime réunis à la Cathédrale du Centenaire.

Cas du Dr Cyrille Mubiala

Le Dr. Cyrille Mubiala travaille au Centre hospitalier de Kikimi des Sœurs des pauvres de Bergame situé au quartier Mfumu-Nkento dans la commune de Kimbanseke. Il a été victime d’une attaque mortelle des Kuluna qui a failli lui coûter la vie : « Tout a commencé le 18 septembre 2024 vers 18 h30 juste à quelques mètres du saut de mouton de l’arrêt de bus communément appelé « Bitabe ». Non loin du Sous commissariat de la police. Malgré mon statut de médecin, ils m’ont attaqué par derrière. Ils étaient plus de six armés de machettes. Ils m’ont battu sauvagement comme du bétail en prenant tout ce que j’avais. Quelques volontaires m’ont pris plus tard dans un état d’inconscience pour me conduire à l’hôpital Roi Baudoin après une forte hémorragie ».

Comme on le voit, des cas des victimes sont légions. Malgré plusieurs tentatives d’opérations menées par la Police dont la plus importante demeure l’opération « Likofi », beaucoup reste à faire pour endiguer ce fléau.

Eldo S.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*