Les obligations en dollars du Rwanda en chute, Bientôt la fin pour Kagame ? – Analyse en 8 tweets

Fils du défunt ancien président du Rwanda Juvenal Habyarimana, Jean-Luc Habyarimana a livré 8 tweets pertinents sur X (ex-Twitter) analysant la fragilisation du régime de Kagame dont l’armée apporte un soutien militaire au M23 lors de l’attaque de la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, dans l’Est de la République démocratique du Congo.

Les marchés financiers sanctionnent le Rwanda alors que l’armée congolaise et les Wazalendo résistent tant bien que mal à l’offensive rwandaise, dans une guerre qui s’étend désormais jusqu’au territoire rwandais. La perte de confiance des investisseurs intervient à un moment où le pouvoir du général Kagame, longtemps présenté comme un génie militaire et leader incontesté, vacille, tandis que la menace de sanctions internationales se précise. Un enchaînement d’événements qui pourrait sceller le sort d’un régime dont l’image de stabilité et de puissance se fissure à grande vitesse.

1. La chute des obligations rwandaises : signe précurseur d’une défaite annoncée ?

Lundi, les marchés financiers ont envoyé un signal sans équivoque : l’obligation souveraine rwandaise à échéance 2031, libellée en dollars, a perdu plus d’un cent, tombant à 83,81 cents sur le dollar. En clair, les investisseurs commencent à prendre leurs distances avec Kigali, inquiétés par l’escalade militaire dans l’est de la RDC et les risques de sanctions internationales. Les gains de l’offensive rwandaise, d’abord présentés comme une victoire rapide après l’entrée des troupes RDF et du M23 dans Goma, se retournent contre le régime de Paul Kagame.

Selon Charlie Bird, trader chez Verto, « l’évolution de l’euro-obligation du Rwanda reflète la perception d’un risque accru de sanctions, même si le régime de Kigali semble avoir sous-estimé la possibilité d’un contrecoup international ». Les menaces de mesures punitives formulées par les États-Unis, la France et le Royaume-Uni au Conseil de sécurité de l’ONU ont renforcé l’idée que la position de Kigali n’est plus intangible ou tenable.

2. Les FARDC et les Wazalendo : la riposte inattendue qui complique les plan de Kagame

Dans la ville de Goma, que certains médias annonçaient déjà « tombée » aux mains du M23, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) soutenues par la résistance locale (« Wazalendo »), ont opté pour un bras de fer inédit, repoussant l’ennemi et portant la bataille jusque sur le territoire rwandais. Il faut rappeler que la ville de Goma est à moins de 150km de Kigali, capitale Rwandaise.

Selon plusieurs témoins, dès l’aube de ce lundi, des unités des FARDC auraient franchi la frontière vers Gisenyi, prenant de court les forces rwandaises. Des tirs d’artillerie et des roquettes congolaises auraient frappé des positions situées à proximité de la « petite barrière ». À Rubavu (Gisenyi), la population évoque de nombreuses explosions et un lourd bilan humain. Face à la gravité de la situation, les autorités rwandaises auraient coupé l’internet local pour tenter de dissimuler la réalité des affrontements.

La détermination des FARDC et des Wazalendo marque un tournant par rapport à 2012 : cette fois, ils ne comptent pas céder Goma. Cet élan de résistance complique sérieusement la stratégie de Paul Kagame, qui misait sur une prise rapide de la ville pour contraindre le gouvernement congolais à négocier en position de faiblesse avec le M23. L’ampleur de la riposte congolaise laisse entrevoir le possible effondrement du « château de cartes » que tentait de bâtir le régime de Kigali. Donc quelque soit la tournure que va prendre la situation militaire à Goma, celle-ci ne laissera pas le régime de Kagame indemne.

3. Colère populaire et isolement diplomatique grandissant

Ce retournement militaire s’accompagne d’une vague de colère à l’égard de Kigali sur tout le territoire congolais. À Bukavu, Beni et Kinshasa, des manifestations spontanées ont rassemblé des milliers de personnes scandant des slogans anti-rwandais. Si, jusqu’ici, la communauté internationale s’était montrée frileuse à l’idée de sanctionner ouvertement le régime de Kagame, la détermination congolaise et les rapports confirmant la présence massive de troupes rwandaises en RDC poussent aujourd’hui l’UE et les États-Unis à hausser le ton.

Le Conseil de sécurité de l’ONU se réuni aujourd’hui en session spéciale pour discuter d’éventuelles sanctions, tandis que les principaux bailleurs de Kigali (Royaume – Uni, France, Union Européenne) envisagent désormais de geler une partie de leurs financements. « Les Rwandais ont peut-être commis l’erreur d’aller trop loin trop vite », nous souffle une source diplomatique. « Leur soutien sans complexe au M23 et leur incursion avérée sur le sol congolais précipitent un isolement qui pourrait leur coûter cher ».

4. Une dictature fragilisée à l’intérieur

Sur le plan intérieur, les multiples vagues de recrutements forcés et le grand nombre de victimes – dont la majorité ne reçoivent même pas de funérailles dignes, tandis que leurs familles se voient interdire de les pleurer – ont fini par entamer le moral de la population rwandaise. La jeunesse, enrôlée contre son gré dans l’aventure mégalomaniaque d’un seul homme, se retrouve prise entre le marteau et l’enclume et risque de payer un tribut encore plus lourd si les combats se poursuivent.

De plus, le Rwanda doit désormais gérer un mécontentement grandissant. Les nouvelles qui filtrent de Gisenyi – malgré la censure et la coupure d’internet – font état de plusieurs dizaines de blessés et de morts parmi la population, beaucoup plus que ce que déclarent les autorités. De nombreuses familles rwandaises reçoivent des messages inquiets de proches craignant un assaut congolais de plus grande envergure ou des représailles.

À Kigali, le régime de Paul Kagame, l’une des dictatures les plus autoritaires du continent, se retrouve fragilisé par cette guerre qui était censée être une démonstration de force éclaire. L’idée d’une défaite militaire face aux FARDC n’est plus un scénario inimaginable. Des rumeurs font état d’un climat de tension au sein de l’armée et d’une nervosité palpable dans l’entourage présidentiel.

5. La fin du mythe de l’invincibilité : le « chant du cygne » du régime Kagame ?

La question qui se pose désormais est simple : la coalition M23–RDF survivra-t-elle au regain de combativité congolais et à la pression internationale ? La chute brutale de l’obligation souveraine rwandaise laisse présager que les investisseurs anticipent un avenir tumultueux pour le Rwanda. Dans les milieux diplomatiques, la rhétorique change : on condamne ouvertement l’agression rwandaise, on envisage même, dans les couloirs feutrés de l’ONU, la mise en place de sanctions ciblées.

Au cœur de cette tourmente, Paul Kagame tente de défendre l’image d’un Rwanda assiégé et menacé par des forces « génocidaires ». Mais la propagation du conflit sur son propre sol et le témoignage de multiples ONG et envoyés spéciaux laissent penser que le vernis de légitimité est en train de craquer.

Selon nos sources, l’entiereté des unités des forces spéciales rwandaises, habituellement stationnées dans le camp de Bigogwe, ont été déployées en RDC. Ce geste témoigne d’une offensive de la dernière chance, dans laquelle Kigali a jeté l’ensemble de ses forces vives. Si les FARDC et les Wazalendo continuent de tenir bon, il sera difficile pour Paul Kagame et le FPR de se relever d’un tel revers.

6. Une économie fragile et une dépendance critique vis-à-vis de la RDC

Les prouesses militaires dont se vante Kigali reposent en réalité sur une économie fragile et sur une importante dépendance à l’égard de ses voisins, en particulier la RDC. Contrairement à ce que laisse entendre la propagande officielle, le « miracle économique » rwandais tient davantage d’une image soigneusement entretenue que d’une réalité factuelle. Les fragilités structurelles s’accumulent : un niveau de dette publique hors de controle, un manque de ressources naturelles, un marché intérieur étroit, un déficit commercial abyssal avec l’Ouganda et la Tanzanie, sans oublier un système éducatif completement décimé depuis que Kagamé a décidé de changer la langue d’enseignement du jour au lendemain sans aucune planification.

Dans ce contexte, la frontière rwandaise avec la RDC -et surtout le poste clé de Goma -demeure un axe vital. Côté congolais, l’accès au corridor rwandais reste longtemps incontournable par manque d’infrastructures routières alternatives. Côté rwandais, cette frontière ouverte est un facteur majeur de survie économique : elle permet l’écoulement d’exportations (officielles ou illicites, notamment de minerais congolais) et assure un afflux de devises indispensables.

7. Projet routier RDC–Burundi :Comment le Burundi et la RDC ont mis Kagame echec et mat sans même tirer une seule balle

En silence, et presqu’en secret, le Burundi et la RDC ont relancé un vieux projet de route de l’époque de la CEPGL pour relier avec des infrastructures fiables la RDC et le Burundi. Face à la perspective d’une nouvelle route RDC–Burundi, qui contournerait totalement le Rwanda, Paul Kagame voit se profiler un risque d’« asphyxie » économique : avec la perte de Goma, c’est tout l’équilibre financier du régime et le maintien d’une armée pléthorique – 80 000 soldats, plus 20 000 membres de la « Local Defense » – qui seraient menacés.

8. Des sanctions internationales: le coup de grâce ?

Alors que les FARDC tiennent bon à Goma et que la résistance des Wazalendo gagne du terrain, le régime de Paul Kagame se retrouve à la fois fragilisé sur le plan militaire et en difficulté sur les fronts économique et diplomatique. Les grands bailleurs de fonds occidentaux, qui ont longtemps observé la situation avec complaisance, semblent désormais prêts à revoir leur soutien financier. Dans les couloirs de l’ONU, l’idée de sanctions ciblées, voire plus globales, est de moins en moins taboue.

Si ces mesures venaient à se concrétiser, elles pourraient frapper au cœur des fragilités structurelles du Rwanda : dépendance à l’égard des aides extérieures, déficit commercial grandissant et incapacité à maintenir à long terme un appareil militaire disproportionné. Face à la démonstration de force des FARDC et la détermination des Wazalendo, Kigali pourrait donc se retrouver en position de faiblesse, sans marge de manœuvre pour négocier. Dans ce scénario, l’isolement diplomatique et financier marquerait sans doute le début d’un effondrement plus large du « modèle » Kagame, dont la survie reposait en partie sur le silence complice de la communauté internationale.

Analyse de Juvenal Habyarimana

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*