
Ce lundi 28 juillet 2025, nous lançons avec fierté la 58e session ordinaire de l’Examen d’État (EXETAT) sur l’ensemble de notre pays, soit 3.165 centres de passation dont 13 établis hors de nos frontières, en Angola, en Ouganda, au Rwanda, au Burundi et en Tanzanie.
Depuis sa toute première session en 1967, l’Examen d’État a toujours été un pilier de notre système éducatif, un rendez-vous annuel qui ponctue le parcours de centaines de milliers de nos jeunes. Malgré les défis passés et l’insécurité persistante dans le Nord-Est du pays et le territoire de Kwamouth dans la province du Mai-Ndombe, notre détermination à garantir l’accès à l’éducation reste inébranlable. C’est grâce à la résilience de notre peuple et à l’engagement de l’Inspection Générale que nous avons pu, une fois de plus, organiser cette session dans des conditions acceptables.
Mais au-delà de cette continuité historique, je souhaite aujourd’hui mettre en lumière les innovations techniques que nous avons mises en place depuis la session 2024. En effet, dès mon arrivée à la tête de ce ministère, notre objectif a été clair et ambitieux : renforcer la fiabilité et la transparence de la correction et de la publication des résultats de l’EXETAT.
La carte postale de l’EXETAT 2025
Avant de vous parler de ces innovations, prenons un instant pour regarder les chiffres 2025. C’est ce que l’Inspection Générale appelle la « carte postale » de la session, et elle est particulièrement parlante cette année. Pour vous donner une idée de l’ampleur de l’Examen d’État en RDC, il est intéressant de le comparer au fameux baccalauréat français, qui en 2025 comptait 724 633 candidats inscrits.
Le Cycle Long : une mobilisation impressionnante
Pour le cycle long, nous avons enregistré un nombre record de 1 079 341 candidats, soit près de 350 000 de plus que le bac français ! Un chiffre qui témoigne de la vitalité de notre jeunesse et de son envie de s’instruire. Sur ce total, 42,9% sont des filles.
Comparée à la session 2024, cette année voit une augmentation de 117 054 candidats, soit une hausse de 12,1%. Mais la nouvelle la plus réjouissante est sans doute la croissance de la participation féminine : nous comptons 57 156 filles supplémentaires, soit un bond de 14,0% ! Il s’agit là d’une progression dont nous devons être fiers, car elle témoigne de l’engagement de nos jeunes filles, et de leur famille, à construire leur avenir, et de notre système éducatif à leur ouvrir toutes les portes.
Le podium des provinces éducationnelles avec le plus grand nombre de candidats pour le cycle long est occupé par le Haut-Katanga 1 (94 670 candidats), suivi par Kinshasa-Lukunga (43 327 candidats) et Kinshasa-Tshangu (41 956 candidats).
Quant à la parité, c’est avec une grande satisfaction que nous notons des proportions de filles remarquables. C’est l’Ituri 1 qui prend la tête (51,7% de filles), suivi de près par Kinshasa-Mont Amba (51,5%) et Kinshasa-Lukunga (51,5%).
Le Cycle Court : l’excellence professionnelle en plein essor
Le cycle court professionnel n’est pas en reste. Il a attiré 6 022 candidats, dont 1 020 filles. Par rapport à l’année dernière, nous enregistrons une augmentation de 605 candidats, soit 11,1% de plus. La présence des filles, bien que stable avec 14 candidates supplémentaires, est un signal que nous continuerons d’encourager, car elles sont essentielles au développement des métiers techniques.
Le trio de tête en termes de candidatures se compose de Sud-Ubangi 1 (641 candidats), Haut-Lomami 1 (564 candidats) et Kongo Central 2 (389 candidats).
Du côté de la participation féminine, le Kasai Oriental 2 (93,9% de filles) se distingue, suivi par le Nord-Kivu 1 (86,3% de filles) et l’Ituri 1 (34,6% de filles). Ces chiffres nous rappellent que dans nos provinces, l’avenir professionnel au féminin se conjugue au présent.
Ces statistiques ne sont pas de simples chiffres. Ils représentent des milliers de rêves, d’espoirs et d’efforts. Et pour que ces efforts soient récompensés avec la plus grande justesse, nous avons mis en place des innovations techniques qui marquent un tournant. C’est ce que je vous explique maintenant.
La Révolution numérique
En tant que Ministre, ma priorité a toujours été de garantir l’équité pour chaque élève et la crédibilité de notre système éducatif, non seulement à l’échelle nationale, mais aussi internationale. Pour atteindre cet objectif, nous avons opéré une véritable transformation numérique de l’Examen d’État en RDC. Nos efforts se sont concentrés sur plusieurs projets stratégiques :
1. Numérisation des inscriptions aux épreuves officielles
Nous avons d’abord modernisé l’étape cruciale de l’inscription. Fini les méthodes manuelles, propices aux erreurs et à la fraude. Aujourd’hui, l’inscription se fait via une plateforme numérique sécurisée. Plus de 4 millions d’élèves ont été identifiés avec précision, et nous avons supprimé plus de 12 millions de documents papier, un véritable coup de pouce pour l’environnement! Cette digitalisation a également permis de sécuriser les données personnelles des élèves et d’accélérer la production des macarons et des diplômes.
2. Décentralisation de la correction
Pendant des années, le traitement des copies à Kinshasa était un véritable casse-tête logistique, coûteux et risqué. En une phrase : ça n’avait pas de sens ! Nous avons donc décidé de décentraliser ce processus, une première dans l’histoire de l’Examen d’État, dans sa version moderne. La grande nouvelle de cette session 2025, c’est l’ouverture de deux centres modernes de scannage des copies, l’un à Mbuji-Mayi (Kasaï-Oriental 1) et l’autre à Lubumbashi (Haut-Katanga 1). Chaque centre est une petite usine de la fiabilité, avec cinq compartiments dédiés : salle de préparation, salle de scannage, salle de serveurs, salle de contrôle et une salle de surveillance. Les copies sont ainsi traitées numériquement et envoyées aux centres de correction de Kinshasa, ce qui nous permet de gagner 30 à 40% sur le délai de traitement global des résultats.
3. Diplômes infalsifiables grâce à la technologie Blockchain
La fraude aux diplômes est un fléau que nous avons décidé d’éradiquer. Grâce à la plateforme E-Diplôme, chaque titre académique est désormais infalsifiable, traçable et disponible à vie. Un simple QR code ou un lien sécurisé permet aux universités, ambassades et employeurs de vérifier instantanément l’authenticité d’un diplôme, une innovation qui renforce la crédibilité de notre système éducatif à l’échelle mondiale. La RDC devient ainsi un précurseur des solutions publiques africaines utilisant la blockchain.
4. S-Note Manager : l’Intelligence Artificielle au service de nos correcteurs
Pour rendre la correction encore plus fiable et efficace, nous avons introduit une nouvelle technologie avec l’Intelligence Artificielle : S-Note Manager. Cette innovation permet une correction automatique des épreuves tout en maintenant un haut niveau de supervision humaine par les experts de l’Inspection Générale. Cela se traduit par un gain de temps considérable pour nos correcteurs et des résultats plus fiables et cohérents pour nos candidats.
Ainsi, la transformation numérique de l’Examen d’État en RDC est bien plus qu’une simple modernisation. C’est un engagement pour la transparence, la souveraineté et l’équité pour chaque jeune de notre pays. Nous sommes convaincus que ces réformes, avec le soutien de nos partenaires et de la communauté, permettront de garantir un avenir brillant à nos jeunes et de consolider la place de notre système éducatif parmi les meilleurs du continent.
De la réforme des examens à la réforme de l’enseignement
Cela dit, la technologie à elle seule ne résout pas tous les problèmes. À notre arrivée en juin 2024, nous avons d’abord concentré nos efforts sur la fin de la chaîne, à savoir la correction et la publication des résultats. Il faut dire que les habitudes ont la vie dure et que nous ne nous faisons aucune illusion sur l’état de nos centres d’examens. C’est pourquoi nous réitérons notre appel à la vigilance : nous rappelons encore à tous les candidats et intervenants qu’il est indispensable de bannir la fraude et la tricherie, sous peine de compromettre l’avenir de nos enfants. Soyez-en certains, toutes les personnes qui se rendront coupables de fraude seront sévèrement sanctionnées.
Nous ne nous arrêterons pas là. Dès l’année scolaire prochaine, 2025-2026, nous allons nous attaquer au cœur du problème, c’est-à-dire la qualité de l’enseignement et celle de l’examen d’État lui-même. Un processus de modernisation de tous les programmes éducatifs est en cours et une nouvelle approche pédagogique basée sur le développement des compétences (l’approche par les situations) sera généralisée. L’Examen d’État sera modernisé pour mieux refléter l’acquisition des savoirs et évaluer les compétences.
Conclusion
En définitive, la transformation numérique de l’Examen d’État est bien plus qu’une simple modernisation technique. C’est un engagement profond pour la transparence et l’équité pour chaque jeune de notre pays. C’est un message fort de résilience, qui montre que malgré les turbulences de notre histoire, et les défis d’aujourd’hui, l’avenir de nos enfants reste notre boussole.
Nos innovations – des inscriptions numérisées à la décentralisation du scannage, en passant par les diplômes sécurisés par la blockchain et la correction assistée par l’IA — visent à bâtir un système éducatif plus fort et plus crédible.
Mais nous savons que le chemin ne s’arrête pas là. C’est en agissant également sur la qualité de l’enseignement que nous allons construire le capital humain qui fera demain notre fierté. En modernisant nos programmes et en adaptant l’examen d’État, nous nous engageons à former des jeunes non seulement instruits, mais aussi compétents et prêts à relever les défis de notre monde.
Bonne chance à tous les candidats de cette session 2025. Le pays tout entier est avec vous.
Nous sommes l’éducation nationale, nous préparons l’avenir de nos enfants, nous construisons la nation.
Raïssa MALU
Ministre d’Etat, Ministre de l’Education Nationale et Nouvelle Citoyenneté
Soyez le premier à commenter