

Léopoldville, 4 juin 1969… Sur la guitare lead d’Attel Mbumba, Rochereau chante « Mon mari est capable »; et sur le campus de la plus grande université francophone d’Afrique subsaharienne, les étudiants de Lovanium, boostés par les événements de Mai 68 en France, se sentent, eux, capables de changer le monde sur la rive gauche du fleuve Congo…
Après une veillée d’armes vingt-quatre heures plus tôt, le Comité de crise de l’Association des Étudiants de l’Université Lovanium (AGEL), sous la direction de François Kandolo, décide en effet d’organiser une marche de protestation contre les positions du régime Mobutu à l’égard de la réforme de l’Université, et contre la dégradation des conditions de vie de la population…
Cependant, se dresse en face de cette fronde estudiantine: Joseph-Désiré Mobutu, le nouvel homme fort de Léopoldville faisant figure de Moïse le libérateur, après les années chaotiques de l’après-indépendance d’un pays dans l’œil de cyclone de la guerre froide! L’Occident l’a d’ailleurs plébiscité, au détriment de Joseph Kasa-Vubu relégué dans son village, et décédé dans l’anonymat total deux mois plus tôt… Et au détriment de Moïse Tshombé enlevé en plein vol et emprisonné à Alger!
Mobutu est tellement plébiscité à l’Ouest qu’on a dû fermer finalement les yeux sur la pendaison publique des «conjurés de la Pentecôte», le 2 juin 1966, crime fondateur d’un régime de terreur à Léopoldville… Mais, les étudiants de Lovanium ne se laisseront pas pour autant intimider, et ils marcheront le 4 juin 1969, en partant un groupe de la Gare centrale, un autre du rond-point Victoire, et un autre encore du campus bien entendu…
Didi Mitovelli (correspondance particulière)
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