Musique : Monik Tenday parle du « Mutuashi » à Africa Museum à Bruxelles

Les origines du style musical « Mutuashi » ont fait l’objet d’un exposé, lors d’une conférence culturelle, à Africa Museum en Belgique, a-t-on appris, lundi, au cours d’un entretien.

« Je voulais parler de cet autre style de musique qui, aujourd’hui, est devenu côte à côte avec la fameuse Rumba Congolaise. Mutuashi, c’est une musique incontournable qui hypnotise le peuple congolais. C’est ce qui a expliqué ma motivation à exposer sur ce sujet portant sur la danse Mutuashi en Belgique. C’est un genre de musique qui rassemble le peuple congolais à la manière d’une rencontre sportive », a déclaré, Monik Tenday enseignante et chanteuse-guitariste.

Ce style, issu de la musique traditionnelle des « Baluba » dans la province du Kasaï, au centre de la RDC porte le nom « Mutuashi » par confusion. L’artiste a fait savoir que ce mot n’est pas de la langue Tshiluba, c’est juste une erreur popularisée par les congolais qui ont déformé la prononciation du terme « mutua’s » dérivé du verbe « kutua » qui signifie en Tshiluba faire une Picture ou porter une action vers l’autre. Conjugué à l’impératif, il devient « mutua ». L’usage de la lettre « s » est à titre explétif et traduit la douceur.

« Ce terme a été vulgarisé à travers une chanson du guitariste, auteur compositeur du groupe « African Fiesta » de Dr Nico Kassanda avec le chanteur Rochereau Tabu Ley. Dans ce tube, sorti en 1965, intitulé « Bia ntondi Kasanda» qui veut dire « Kasanda, j’en ai marre », ces deux artistes emblématiques font un jeu de mots sur le nom de Kasanda dans un ton amusant. Peu avant la fin, on entend un cri de relance « mutua’s » « muendela’s », un terme qui sort pour évoquer un acte sexuel. Cette expression prend le sens d’encourager un homme d’avoir des relations intimes avec une femme « prends là » « sors avec elle ». La compréhension et la prononciation de certains compatriotes ont transformé « mutua’s » « muendela’s » en « Mutuashi » « muendelashi ». Cette mauvaise articulation du mot a donné naissance à « Mutuashi» qui est défini, de nos jours, comme un genre musical Kasaïen », a-t-elle relaté.

Et d’ajouter : « Après le succès du titre « Biantondi kasanda », le terme « mutua’s » est resté gravé dans la tête de gens, mais viré vers « mutuashi ». En 1977, dans sa chanson « Kasala », Rochereau Tabu Ley a bel et bien joué le rythme musical Kasaïen en reprenant encore les termes « mutua’s » et « muendela’s ». D’autres musiciens de l’époque ont repris le cri « mutua’s » mais viré toujours vers « Mutuashi », jusqu’à ce que Tshala Muana ait repris cette confusion devenue normale. Elle jouait tout simplement de la musique Kasaïenne. Grâce à son succès international, cette musique a été appelée Mutuashi par défaut ».

Mutuashi, une récupération artistique

À travers le résultat de sa recherche, a-t-elle indiqué, le « Mutuashi », issu d’une déformation, dans la prononciation ou encore de la similitude aux sons de mots de la langue Luba, n’a rien de commun avec la culture de cette partie du pays. Elle a, par ailleurs, précisé que le véritable nom de la danse traditionnelle Kasaïenne est « Tshikuna » ou « Tshinkimbua ».

Pour elle, le rythme dit « Mutuashi » et tout ce qui va avec est une récupération artistique de l’inspiration de Dr Nico et de Seigneur Rochereau pour un business musical. « Aujourd’hui encore, cette musique continue son chemin de bravoure, bien qu’elle soit transmise de bouche-à-oreille comme tant d’autres styles musicaux du Congo », a dit cette enseignante de l’institut national des arts (INA).

Le « Mutuashi » n’est pas un style de musique de la chanteuse-guitariste, mais plutôt un rayonnement des sons qu’on trouve dans son répertoire. De son style “Folk Pop”, Monik Tenday mixe la musique traditionnelle aux sonorités modernes, en passant par la rumba congolaise. Ce mélange se trouve aussi dans les textes de ses chansons, dans lesquels elle manie les 4 langues nationales du Congo, à savoir : Lingala, Tshiluba, Kikongo et Swahili, mais également le français et l’anglais.Au départ, elle a reçu une formation de base en musique classique à l’INA et y a enseigné en tant que professeur de guitare.

La musique traditionnelle reste sa source intarissable. L’artiste s’est fait remarquer dans le marché des discs avec les titres phares de ses Albums notamment : « Tsha Kuetu » « le regard d’une femme », « Umoja » et « Blanco Negro». Ces morceaux sont également appréciés du public Européen.

Acp & Congo365.cd

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