Editorial de Kileba-Pok-A-Mes : Monsieur le Président, il est temps d’atterrir!

Avec plus de 73% des suffrages exprimés et au moins 450 députés nationaux dans une chambre basse qui en compte 500, Félix Tshisekedi n’a que très peu envie de regarder en face de lui. D’ailleurs lui-même ne le dément pas en appelant que du bout des lèvres ses opposants à participer à la gouvernance du pays. Juste pour bluffer ses nombreux invités africains venus nombreux prendre part à son investiture et ainsi donner le change à ceux de ses hôtes qui nourrissent encore le rêve d’un Congo-gâchette du revolver africain d’où partirait l’éveil du continent noir.

Pour le reste, Félix Tshisekedi a déjà réglé ses problèmes avec l’arithmétique électorale de Denis Kadima et l’expertise informatique du Libanais qui lui a fourni les algorithmes du plébiscite électoral, loin de la réalité sociologique et politique observable sur terrain. Certes, à l’heure qu’il est, il ne serait plus de saison de remettre sur la table une quelconque contestation de la boule dont est fait le fufu. Peut-être faut-il espérer que des malaises dues à l’indigestion commencent à se manifester pour faire revenir un à un les convives en vue de se rassurer que les déchets étaient plus nombreux et plus toxiques que la farine qui a servi à cuire le fufu.

Mais se comporter ainsi équivaut à réduire la politique à une simple arithmétique des chiffres. Pourtant derrière les chiffres égrenés, il existe des êtres de chair et de sang qui ont exprimé des votes qui charrient des attentes, des angoisses et des espoirs. Sans le lucre que l’on peut en tirer, quelqu’un peut-il vraiment soutenir que l’expression majoritaire des Congolais sortie des urnes est un refus de la clairvoyance et par delà une soumission à une hégémonie tribale qui se dessine aujourd’hui? Il n’est pas facile d’avoir raison trop tôt.

Le monde s’accommode très peu de ceux qui sont dotés de pouvoir de lucidité pour lire loin dans l’avenir. Le destin des prophètes est lié à ce refus de laisser quelqu’un nous lire aujourd’hui ce que sera demain. Surtout si cela ne va pas dans le sens de notre intérêt immédiat ou supposé tel. Avec les chiffres qu’il affiche, obtenus de la manière que l’on sait, le second mandat (espérons qu’il le soit vraiment), de Félix Tshisekedi n’est pas une chance pour la RDC (n’en déplaise à tous les flatteurs!) si le chef d’Etat ne change pas de fusil d’épaule. Comment se fait-on réélire à plus de 70% dans un pays aux commandes duquel on a perdu le Masisi et le Rutshuru? Qui peut supporter l’hégémonie d’un groupe sociologique dans un pays qui en compte des centaines si ce ne sont pas des larbins assoiffés de pouvoir et d’argent, transhumants impénitents passés sans remords de la kabilie à la fatshie? Le dire à haute voix est signe de lucidité et de patriotisme. Se taire comme d’aucuns le suggèrent pour en récolter les dividendes politiques est simplement anti-patriotique.

Le Congo ne saurait aller loin avec au coeur une pensée unique enrobée dans un relent hégémonique qui se sert des béquilles tordues d’une union à la sauce nationale édulcorée. Les algorithmes informatiques qui ont voté ne sauraient remplacer les Congolais restés en marge d’un processus confisqué par la fourberie et la cupidité d’une poignée de compatriotes qui rêvent de rétablir la gloire jadis d’un empire à jamais perdu. A Félix Tshisekedi, plus de 70%, c’est sur la planète informatique pour un mandat qui a lieu sur la planète terre. Alors, Monsieur le Président, il est temps d’atterrir pour gouverner.

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