« Dogme central de l’hindouisme, du bouddhisme, selon lequel la destinée d’un être vivant et conscient est déterminée par la totalité de ses actions passées, de ses vies antérieures ». C’est ainsi que les dictionnaires Le Robert définit le karma.
Trésor Kongolo, un opérateur politique de la majorité au pouvoir, ne s’attendait certainement pas à faire autant de buzz sur les réseaux sociaux quand, sur un plateau de télévision, il a voulu relativiser le rapport qualité+prix de la gratuité de l’enseignement primaire. Il a été rapidement rattrapé par une sorte de destin : « L’essentiel est que 2+2 = 3».
Face à une vague de moqueries dont seuls les Congolais ont le secret et l’acharnement, l’homme est revenu sur les réseaux sociaux pour administrer un petit cours de latin sur le lapsus linguæ. « C’est déjà trop tard ! », lui réplique un internaute. Le vin est tiré, il faut le boire. En cette période des festivités, ses compatriotes moqueurs le sirotent à volonté, n’en déplaise à cet autre illustre internaute sorti de nulle part avec son évangile de « lamba lia, tokoya te ! ».
Sérieusement, si le lapsus de Trésor Kangolo paraît si impardonnable aux yeux de plusieurs, c’est parce qu’il a voulu relativiser ce qu’il ne fallait pas : la qualité de l’enseignement. Le domaine est extrêmement sensible qu’il en va de l’avenir de toute une nation. Laisser comprendre avec autant de légèreté que l’essentiel est d’aller à l’école et moins d’en tirer quelque chose n’est pas loin du sacrilège. Un péché contre le saint esprit, diraient les chrétiens.
L’on peut tout refuser au président Félix Tshisekedi qui vient largement d’être réélu à la tête du pays, sauf sa volonté de rendre effective, dès la première année de son mandat, la gratuité de l’enseignement primaire, longtemps restée lettre morte dans la constitution du 18 février 2006.
Depuis, plus de 5 millions d’enfants, selon les estimations du gouvernement, ont retrouvé le chemin de l’école. Mais aller à l’école, c’est bien. Recevoir un enseignement de qualité par des enseignants qualifiés et motivés et dans un cadre d’apprentissage viable, c’est encore mieux. C’est bien plus une obligation constitutionnelle, une responsabilité pour tout parent. Malheureusement, beaucoup continuent à reprocher à cette réforme, certes salutaire, l’impréparation : déficit des infrastructures, sureffectif, démotivation des enseignants…
Avant de passer à la gratuité de l’enseignement secondaire voire universitaire, comme l’a promis le président lors de sa campagne électorale, rien de plus judicieux que de résoudre d’abord les effets induits de la gratuité au primaire. Des efforts ont certes été déployés et doivent continuer. Ainsi, 2+2 donnera 4 dans la tête de nos enfants.
Socrate Nsimba/infos.cd
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